Regards sur le Maroc après le 20 Février
1ère partie
1ère partie
L’histoire de chaque groupe humain a toujours évolué, principalement, dans chaque séquence, suite à une « confrontation dynamique » ; axée sur un des piliers de la « quadrature des forces » ! Cette dernière peut être définie comme une théorie décrivant les principaux moteurs de l'histoire et du développement des sociétés à travers l'interaction dynamique de quatre éléments fondamentaux : le pouvoir, l'économie (l'argent), la connaissance, et les valeurs. Chacun de ces piliers agit comme un vecteur de changement et de transformation sociale, et leur interaction crée des tensions, des conflits et, puis, des progrès. Dans une analyse des périodes historiques, on arrive à des conclusions liant la période et ces faits à une (des) confrontation(s) sur un, ou plusieurs, élément(s) de cette quadrature ! On se penchera dans cet écrit sur plusieurs évènements majeurs qui ont marqué le Maroc durant ces quinze dernières années, on essaiera de les analyser, puis d’identifier les « zones » de confrontation.
Tout d'abord, comme l'indique le titre, notre point de départ est l'année 2011. Le Maroc, à l'instar de nombreux autres pays, n'a pas échappé aux effets du Printemps arabe. Des Marocains ont lancé le mouvement du 20 février, rapidement suivis par d'autres citoyens. Le Roi Mohammed VI a rapidement réagi le 9 mars 2011 avec un discours et l’annonce de la révision de la constitution ! Bien que ce ne fût pas la solution la plus démocratique — puisqu'il s'agissait toujours d'une constitution octroyée — c’était un choix stratégique de la part du palais royal. Une assemblée constituante aurait sans doute été un choix plus judicieux, mais cette révision a permis de « maintenir un certain équilibre des forces entre le roi et le peuple ».
Quelques mois plus tard, le Parti de la Justice et du Développement (PJD), souvent qualifié d' « islamiste », est arrivé au pouvoir. Cependant, avant de poursuivre, il est crucial de corriger certaines idées reçues. Le PJD est souvent perçu à tort comme un parti extrémiste. Est-ce vraiment le cas ?
À mon avis, le spectre politique d’un pays se dessine à partir des particularités de sa société et de ses idées. Il est donc normal que ce qui est considéré comme « de gauche » dans un pays puisse être perçu comme « de droite » dans un autre. Par exemple, certaines idées de protection sociale en France seraient jugées extrémistes aux États-Unis. Mais revenons à notre sujet : quelles sont les idées du PJD ?
Bien que le PJD ait une origine islamiste, cela ne signifie pas qu’il souhaite établir un califat ou restreindre les libertés. Au contraire, il m'apparait que leurs actions et discours montrent un engagement envers la démocratie, le respect du choix populaire, et un soutien clair à la monarchie. Ce soutien au roi et à la défense de la démocratie est un aspect central de leur histoire politique. Sur le plan économique, on pourrait les qualifier de socialistes, comme le montre le programme de Benkirane pour aider les veuves en fonction du nombre d’enfants, ou encore son « plan » de généralisation de la protection sociale. Il me semble que ces éléments éloignent le PJD des simplifications caricaturales dont il est souvent cible.
Rien n’est surprenant dans cette période, la confrontation ayant été autour du pouvoir ! Cette période a été marquée par la confrontation entre Benkirane, le chef de gouvernement, et « crocodiles et démons » (une formule populiste faisant référence à l'establishment marocain). Dans la continuité de son discours, le Premier Ministre Benkirane comparait les élections législatives au choix « d'une personne qui aura la capacité de dire ou proposer à ceux qui détiennent le pouvoir ce que les Marocains veulent ou ont besoin ».
En 2016, le Maroc a connu l'élection du deuxième parlement après 2011, et la surprise était non seulement la victoire du PJD, mais aussi leur nombre de sièges : 125 !
Certes ce n’est pas proche d’être une majorité absolue (/395), mais cela n’en est pas moins un résultat historique ! Ces élections ont été les seules élections presque bipolaires dans l’histoire du Maroc : Parti Authenticité et Modernité (PAM) versus Parti de la Justice et du Développement ! Le PAM, parti fondé en opposition au PJD, regroupait des figures bariolées dans leurs convictions politiques mais unies dans leur commun désaccord à la politique du gouvernement. Ilyas El Omari, secrétaire général du PAM déclarait même « [être] là pour battre les islamistes ».
Cet écrit autour de « l’après 20 février 2011 » arrive à sa fin ; nous avons essayé de décrire les principaux traits du premier « quinquennat » après 2011, avec une ouverture sur le début des évènements qui suivent. Il reste à se demander : où en sommes-nous aujourd’hui quant aux espoirs ravivés en 2011 ?
Sources : (voir 2ème Partie)